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Le Naufrage du «Titanic» ---------- Le Transatlantique entre en collision avec un iceberg Les 2,700 personnes à bord sont sauvées Malgré les secours, le paquebot coule quelques heures après ----------
Le transatlantique Titanic, le plus grand paquebot du monde, appartenant à la compagnie anglaise The White Start Line, a heurté la nuit dernière contre un iceberg, près des bancs de Terre-Neuve, et a coulé. Fort heureusement, les secours ont été prompts, et les passagers, au nombre de 2,700, y compris l’équipage, ont pu être tous sauvés. On juge toutefois de l’émotion que causa, hier soir, dans le public, le radiotélégramme que l’on nous communique au bureau de la compagnie, 9, rue Scribe. Cette dépêche annonçait, en effet, que le Titanic avait reçu de graves avaries en heurtant contre un banc de glace. Quelques heures après, l’on apprenait avec soulagement que tous les passagers avaient pu être débarqués. Partis de Southampton pour New-York, après avoir embarqué à Cherbourg 142 passagers de première classe et 30 passagers de deuxième classe, était commandé par le Capitaine Smith, qui commandait précédemment un autre transatlantique géant, Olympic, appartenant également à la Compagnie White Star Line.
L’émotion à Cherbourg (De notre correspondant particulier)
Cherbourg, 15 avril.
Le bruit de la catastrophe du paquebot géant Titanic, de la White Star Line, jeta un émoi considérable parmi la population maritime marchande de Cherbourg, centre important d’escales des transatlantiques allemands, anglais et américains. Le Titanic, magnifique paquebot de 46,000 tonnes, ce qu’on avait fait de mieux jusqu’à présent, avait fait sa première escale sur rade de Cherbourg mercredi soir. Il avait fait son entrée aux accents de la Marseillaise, à sept heures du soir, brillant de mille feux, écrasant la belle digue de sa hauteur imposante. Après seulement une heure d’escale, le Titanic avait repris la haute mer à destination de New-York. Il allait pour la première fois affronté l’Océan. Il était venu de Southampton à une allure de 19 nœuds ; il emportait une énorme quantité de provisions ; il avait embarqué à Cherbourg 274 passagers, se décomposant ainsi : 144 de 1ère classe, 28 de 2è classe, 102 émigrants, ce qui portait, avec ses 890 hommes d’équipage et gens de service, à 2,700 le nombre des personnes embarquées à bord.
Les passagers du «Titanic» (De notre correspondant particulier)
Cherbourg, 15 avril.
Le Cap Race, où se produisit la collision du Titanic avec un banc de glace, est un poste de télégraphie sans fil à l’entrée du banc de Terre Neuve. Les premiers télégrammes parvenus à l’agence cherbourgeoise de la Compagnie White Star Line était contradictoire. |
Sur le manifeste mentionnant la liste des personnes embarquées, j’ai pu relever les noms de trois Français : M. Aubart, passager de première classe ; M. Pernot, passager de seconde ; M .Malachard, passager de troisième. En outre, environ une soixantaine de Français faisait partie du personnel du bar russe. Parmi les passagers de marque se trouvaient trois Américains, qui avaient retenu pour le prix de ving-cinq mille francs, les deux plus beaux appartements avec promenade réservée : MM. Ismay, directeur de la Compagnie de la White Star Line : le colonel Astor, attaché à la maison militaire du président Taft : G. Widener A. Ryerson, qui se rendait en Amérique pour assister aux obsèques de son fils, tué dans un accident d’automobile et dont il avait réglé les détails des funérailles par un long télégramme rédigé pendant l’escale du Titanic en rade de Cherbourg. Se trouvaient encore à bord : Mrs Eve Douglas, W. Cardeza, J. Baxter, très connues dans la haute société new-yorkaise.
Tous les passagers sont sains et saufs. (De notre correspondant particulier)
Londres, 15 avril.
La nuit dernière, vers trois heures et demie, le «Titanic», le transatlantique monstre appartenant à la White Star Line, qui faisait son premier voyage Southampton-Cherbourg-New-York, est entré en collision, à 270 milles du cap Race, avec un champ de glace. Les premiers télégrammes sans fil annonçaient que le bâtiment sombrait de l’avant, et que les passagers avaient pris place dans les canots de sauvetage. Le capitaine du « Titanic » lança immédiatement des télégrammes de détresse. Le transatlantique «Virginiam», de la compagnie Alan, parti de Halifax, dimanche matin, reçut la nouvelle de la collision par l’entremise du poste Marconi du cap Race, et répondit : « partons immédiatement au secours ». Il était alors cinq heures du matin, et le « Virginian » se trouvait à 170 milles du « Titanic ». Le « Baltic » , un autre bâtiment de la White Star Line naviguant à 200 milles du lieu de l’accident, se dirigea également à toutes vapeurs vers le transatlantique sinistré. L’ « Olympic » et une série d’autres bâtiments en route, dans ces parages, se portèrent également au secours du «Titanic». Celui-ci, par télégramme sans fil, put préciser sa position : 41°46’ Nord, 50°14’ Ouest. A Londres, durant toute la journée, l’émotion a été énorme.
Le «Titanic»
Le Titanic, était le plus grand et le plus beau qui ait jamais été construit : son tonnage net était de 49,399 tonnes. Il a été lancé en mars 1911, à Belfast, et complété récemment. Sous le rapport du luxe et du confort, on le dit une véritable merveille. Le Titanic avait quitté Southampton mercredi, avait embarqué à Cherbourg environ 260 passagers, portant le nombre des personnes à bord à 2,358. |
Quelques notabilités à bord
Parmi les passagers se trouvent nombre de notabilités internationales : M. Alfred Vanderbilt, M. Hays, président du Grand Trunk Railway : M.William T.Stead, directeur de la Review of Reviews : M. Isidore Strauss, membre du Congrès américain : Lord Ashburton ; M. Jonkheer Van Reuchlin, président de la Holland-America ; major Butt, aide de camp du président Taft, etc.
L’émoi parmi les assureurs maritimes
Un télégramme ultérieur annonçant que les communications télégraphiques avec le Titanic étaient interrompues produisit une véritable consternation à Lloyds, le centre des assurances maritimes. Les télégrammes que l’on reçut par la suite furent peu nombreux et contradictoires : certains messages annoncèrent la perte du navire : ce ne fut que lorsque l’Olympic, qui est muni d’appareils très puissants, put entrer en communication avec le Virginian que les craintes furent dissipées. On apprit que le Virginian avait pris le Titanic à la remorque et se dirigeait vers le port de Halifax, tandis que le Karpathian et le Parisian, tous deux à destination de Halifax, avaient pris à bord les passagers. Le Baltic marche à toute vapeur pour rattraper les deux navires sauveteurs, afin de les débarrasser de leurs passagers de fortune. On se rappelle que le Baltic participa, avec la Lorraine, au sauvetage des passagers du paquebot Republic, un des premiers transatlantiques munis d’appareils de télégraphies sans fil, qui se perdit en janvier 1909, après une collision avec le Florida. Suivant les derniers télégrammes reçus à Londres, l’équipage du Titanic est resté à bord du bâtiment. Les cloisons étanches résistent bien à la pression de l’eau ; la mer est calme et l’on a bon espoir d’amener le navire à Halifax. Les assurances sur le Titanic et sa cargaison s’élèvent à 2,350,000 livres sterling, soit 58,750,000 francs. Le Titanic a coûté 1,250,000 livres sterling. Le Titanic aurait à bord un lot de diamants. Les assurances totales ne comprennent pas, bien entendu les assurances des personnes en cas d’accident, comme en contractent de nombreux voyageurs. |
D’autres transatlantiques ont également rencontré le champ de glace (Service spécial de l’Echo de Paris)
New-York, 15 avril.
Suivant des nouvelles reçues ici, l’accident du Titanic est survenu dans des parages où, deux autres transatlantiques ont couru de grands dangers. Ces deux navires, le Carmania, de Liverpool, et le paquebot français Niagara, du Havre, arrivés aujourd’hui à New-York, ont aperçu un voilier et un bateau pêcheur emprisonné dans le champ de glace, mais ne courant particulièrement aucun danger pressant. Le champ de glace se trouvait à quelques 100 milles à l’est de Sandy Hook. C’est, de mémoire de marins, le plus vaste qu’on ait jamais vu dans ces parages. Le Carmania entra dans le champ de glace jeudi dernier, vers une heure, et après avoir vainement cherché une issue à travers les icebergs, fut obligé de revenir en arrière et de faire un immense détour vers le nord. Il contourna le champ de glace qui avait une étendue de près de 100 milles. Le vapeur français fut moins heureux. Il rencontra la glace vers le même moment que le Carmania, mais les icebergs lui firent deux brèches sous la ligne de flottaison ; nombre de plaques sur les flancs du navire furent bosselées et endommagées. A un moment donné, le capitaine du Niagara considéra la position de son navire comme tellement critique qu’il envoya un message au Carmania, lui demandant du secours. Le Carmania allait se rendre à cet appel lorsque, peu après, un nouveau message l’avertit que les brèches avaient été provisoirement bouchées et que le Niagara pourrait continuer sa route sans assistance. Deux autres paquebots, le Lord-Cromer et le Kura, ont également été endommagés sous la ligne de flottaison. Suivant le vapeur Armenian, le champ de glace est long de 70 milles et large de 35 environ. |
Le «Titanic» a coulé
A une heure 20 du matin, l’Agence Havas nous communique le télégramme suivant, daté de New-York : Le « Titanic » a coulé à 2 h. 20 du matin. Il n’y a pas eu de victimes.
(De notre correspondant particulier)
Londres, 15 avril.
Un télégramme Reuter, arrivant de New-York, mande : Le capitaine Maddock, de l’Olympic, envoie un radiotélégramme disant que le Titanic fit naufrage lundi à 2 h. 20 du matin. Les passagers furent embarqués dans des canots et transportés sur le Virginiam. Le paquebot Karpathia, ayant à bord plusieurs centaines passagers du Titanic, est en route pour New-York.
DERNIERE HEURE Plusieurs personnes seraient noyées
D’après un dernier télégramme, plusieurs personnes se seraient noyées. |
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